Intruder : les Mosquito frappent la nuit
Histoire de l'aviation| Première guerre mondiale, US Air Force
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Intruder : les Mosquito frappent la nuit 1942 1945
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Janvier 1942 : le Mosquito, un oiseau de nuit pour la Home
Defense
Le Mosquito est assurément un des appareils les plus mythiques de la seconde Guerre Mondiale, c’est également l’un des plus réussis. La qualité de sa conception a permis aux Anglais de le décliner en de nombreuses versions, toutes adaptées à des rôles particuliers tout en conservant une certaine polyvalence. Pour ses amoureux, le Mosquito reste « the wooden wonder », la merveille de bois… ou « termites’dream », le rêve des termites !
A l’origine, le projet du bombardier léger Mosquito, construit en bois et sans armement défensif, comptant sur sa vitesse pour échapper à ses ennemis, fut accueilli défavorablement par le ministère de la production aéronautique. Et ce encore plus à un moment où l’Angleterre, sur la défensive, se concentrait sur la production de chasseurs pour se protéger des raids de la Luftwaffe. Heureusement, ce projet eut un soutien essentiel en la personne de Patrick Hennessy et l’Air Marshall Wilfred Freeman . Grâce à ces derniers, un premier lot de 50 bombardiers fut commandé.
Le prototype vola le 25 novembre 1940. En 1941, devant les performances des prototypes (50 km/h plus rapide que le Spitfire Mk V), il apparut logique de décliner une version de chasse de nuit de l’appareil et 20 commandes furent converties en commandes de chasseurs de nuit NF II. En effet à l’époque la Luftwaffe pratiquait des intrusions nocturnes régulières au-dessus de l’Angleterre, et l’encombrement des radars embarqués exigeait un appareil bimoteur au nez disponible pour loger un radar. La chasse de nuit était alors assurée par des Hurricane et des Beaufighter, qui souffraient tous deux de performances limitées en tant que chasseurs.
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Mosquito NF II, No.157 Squadron, mars 1942
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Les premières misions nocturnes du Mosquito furent donc accomplies par les NF II, équipés du radar AI Mk IV . Ces missions consistaient en la défense de l’espace aérien et du territoire de la
Grande Bretagne, au sein de l’ ADGB (Air Defense Great Britain) . Le Mosquito était alors l’avion le plus performant à opposer aux raids allemands (raids Baedeker, qui visaient les sites culturels et
historiques, d’où leur nom qui est celui d’un guide touristique), qui impliquaient des Ju 88, Do 217 et Fw 190. Il opérait au sein des No 151 et No 157 Squadron, dont la formation commença au début de l’année et les premières sorties opérationnelles eurent lieu en avril
Juillet 1942 : le Mosquito passe à l’offensive
Dès 1940, la RAF utilisa des Boston et des Blenheim pour des missions « Intruder ». Ces missions, effectuées au-dessus des territoires tenus par l’Allemagne, consistaient à prolonger l’offensive diurne afin de ne pas laisser de répit à la Wehrmacht. Il s’agissait de missions d’attaque au sol d’objectifs définis ou bien d’objectifs d’opportunité, par bombardement ou straffing. Un des objectifs de ces missions était la perturbation du trafic ferroviaire, les trains profitant habituellement de l’obscurité pour circuler sans risques d’être attaqués ou repérés. De même pour le trafic routier.
La mise en service du Mosquito en fit réfléchir plus d’un, et on décida de l’employer dans le rôle d’Intruder pour remplacer les Boston et autres Blenheim aux capacités limitées en terme de performances et d’armement fixe pour le straffing. Le Mosquito apparut comme idéal, avec son puissant armement fixe ( 4 mitrailleuses de 7.7 et 4 canons de 20) sa vitesse (600 km/h)
et son rayon d’action (1960 km).
Le Mosquito était attendu également pour assumer une autre mission : la défense des bombardiers britanniques du Bomber Command lors de leurs raids nocturnes. En effet ils commençaient à être attaqués par la Luftwaffe, qui utilisait avec succès des Ju 88 et Bf 110 adaptés à la chasse de nuit.
l’ADGB à deux points près. Tout d’abord, le plus visible était leur camouflage qui au lieu d’être uniformément noir mat était le classique vert et gris au-dessus avec les surfaces inférieures en noir satiné. Ce camouflage avait l’intérêt d’être moins pénalisant en vitesse que le noir mat (qui pouvait faire perdre jusqu’à 23 Mph), et il s’était avéré que le camouflage noir mat intégral n’était pas plus efficace, même la nuit. L’autre spécificité des Mosquito NF II Intruder était le démontage du radar. En effet à l’époque ce radar était considéré comme trop précieux et avancé pour risquer qu’il ne tombe au mains de l’ennemi, et les appareils qui en étaient équipés avaient donc interdiction absolue de s’aventurer hors de Grande Bretagne.
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Mosquito NF II No.23 squadron (sans radar,
pour les missions Intruder), novembre 1942 |
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Mosquito NF II No.605 Squadron, mai
1943 |
1943 : de nouvelles versions pour plus de missions
Les succès des Mosquito NF II dans les missions Intruder mirent en évidence les capacités de l’avion pour l’attaque, mais il restait une lacune : conçu comme intercepteur, le NF II ne pouvait
emporter de bombes. Cette lacune fut comblée avec une version développée à partir des enseignements tirés des missions Intruder, spécialement conçue pour l’attaque au sens le plus large : le FB VI. Il ne faut pas oublier qu’à l’origine le Mosquito était un bombardier, et donc il était pourvu d’une vaste soute. Dans la version de bombardement B IV, le Mosquito emportait en soute 4
bombes de 225 kg. Dans la version Nf II, la partie avant de la soute était occupée par les canons de 20mm, mais il restait de la place à l’arrière. Assez de place pour emporter 2 bombes de 225 kg et faire du Mosquito FB VI un vrai chasseur bombardier. Afin de développer les capacités du Mosquito, une aile dite standard fut généralisée, qui permettait d’emporter 2 bombes supplémentaires ou bien 8 roquettes ou encore deux réservoirs de 50 puis 100 gallons (et même, à partir de mars 1945, 8 roquettes ET deux réservoirs !). Pour les missions Intruder, la version NF II pouvait emporter des réservoirs supplémentaires en soute à la place des bombes, le FB VI pouvait lui avoir le choix : l’aile permettait le choix entre bombes ou réservoirs, de même pour la moitié de la soute laissée libre.
Les missions
Les missions Ranger, qui avaient lieu avant l’apparition du Mosquito, sont l’équivalent nocturne des missions « Day Ranger ». Ces missions consistent en l’attaque au sol, en profondeur, du trafic
ferroviaire et routier, afin de perturber le ravitaillement de l’ennemi et ses opérations en général. Ces missions mettent à profit le formidable rayon d’action du Mosquito et s’étendent jusqu’à l’Europe centrale ou la Tchécoslovaquie. Evidemment, le vol de nuit à basse altitude est particulièrement dangereux, ces missions ont lieu lors de nuits de pleine lune, afin de bénéficier d’un minimum de lumière…Même si ces missions sont tournées vers l’attaque au sol, il reste possible de descendre un avion allemand si l’occasion se présente. La concentration et la volonté des
équipages doivent alors pallier l’absence de radar. Un Squadron excelle dans ce type de mission, le 418 « City of Edmonton », le Squadron canadien ayant remporté le plus grand nombre de victoires aériennes, tous Squadron confondus. Cela signifie que les Canadiens du 418 ont remportés plus de victoires que leurs compatriotes engagés sur Spitfire par exemple, ce qui n’est pas rien ! Il faut tout de même préciser que le 418, équipé de FB VI, n’opérait pas uniquement de nuit, contrairement aux Squadrons équipés de Mosquito NF (Night Fighter)…
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Mosquito FB VI
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30.
° Patrouille défensive en accompagnement des formations, à diverses altitudes.
° Patrouille offensive au-dessus des aérodromes allemands afin de perturber leur activité et d’intercepter les avions de la Luftwaffe au moment où ils sont le plus vulnérables, au décollage et à l’atterrissage.
L’une d’elle consistait à suivre la formation à basse altitude, sans être repérables, et à monter brutalement pour abattre l’assaillant qui se jetait sur les bombardiers, une fois celui-ci détecté.
Les missions Intruder de chasse étaient appelées « mahmoud » et consistaient à patrouiller à la recherche d’appareils ennemis à partir de points précis, généralement des aérodromes ennemis. Si dans les missions d’escorte, le plan de vol était défini de manière assez rigoureuse (puisque quasiment identique à celui de la Main Force des bombardiers), en revanche lors des missions de patrouille d’aérodromes, l’équipage se voyait simplement assigner deux ou trois aérodromes et était ensuite libre de ses mouvements, dans la mesure où il couvrait la zone. Grâce à la grande vitesse du Mosquito, ceux-ci pouvaient donc passer rapidement de l’un à l’autre afin de toujours exercer une surveillance et « maintenir la pression »…
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» Moskitopanik «
Omniprésents, les Mosquito Intruder exerçaient une pression constante sur les chasseurs de nuit allemands, leur compliquant la tâche et transformant ces chasseurs en chassés de plus en plus souvent. Les Jagdfliegern de la Nachjtjagd (chasse de nuit allemande) ne pouvaient pas se concentrer librement sur les formations de bombardiers, mais devaient parfois se soucier d’assurer leur propre sécurité autant que de trouver les bombardiers. Leur tâche était de plus en plus compliquée, avec les manœuvres de leurrage des Britanniques (faux raids, windows, routes multiples d’approche, contre-mesures…). La « Moskitopanik » atteint son paroxysme en décembre 1944, quand les Intruder descendirent 36 Nachtjägern dans le mois. Jusqu’à la fin de la guerre, les Mosquito qu’ils soient Intruder, bombardiers ou Pathfinder investiront la nuit allemande.
Novembre 2000 Paul Rebuffat
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