Inde : la nouvelle commande de 36 Rafale à Dassault Aviation pourrait être annulée

 
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Face au retard pris par la flotte d’avions de combat indienne, le Premier ministre indien, Narendra Modi a décidé de traiter directement avec Paris pour que 36 avions Dassault Rafale lui soient livrés dans les plus brefs délais. Malheureusement, cette nouvelle commande risque également d’être annulée comme le méga-contrat de 126 Rafale puisque New Delhi et Paris ne s’entendent toujours pas sur les termes du contrat.

Le méga-contrat annulé

En 2012, l’Inde a lancé un appel d’offres pour la fabrication d’avions de combat et c’est la Dassault Aviation qui a remporté le contrat. Ce dernier consistait à lui fournir 126 Rafale dont les 108 seraient fabriqués en Inde. Malheureusement, plus de deux ans après cet appel d’offres, aucun Rafale ne lui a encore été livré et pour cause : les deux partis ne sont pas tombés d’accord sur les termes du contrat. La politique d’offset de l’Inde en est la principale cause puisque pour ce méga-contrat, il a fixé la proportion d’offset à 50 % de la valeur du contrat. Selon Amit Cowshish, ancien conseiller financier pour les achats d’armement auprès du ministère indien de la Défense, ce point a pris le pas sur toutes les négociations et c’est ce qui a fait capoté l’affaire.

 Rafale

Une commande urgente de 36 Rafale

Lorsque le méga-contrat de 126 Rafale a échoué, le premier ministre a jugé bon de commander en urgence 36 autres Rafale auprès de Dassault Aviation afin de ne pas trop s’écarter de la force aérienne de ses voisins. Malheureusement, cette volonté risque encore d’être réduite à néant puisque de nouvelles divergences apparaissent : l’une en termes de prix unitaire des avions et l’autre concernant l’offset qui est, cette fois-ci, fixé à 30 % de la valeur du contrat. Une fois de plus, l’Inde risque de voir retarder la modernisation tant espérée de sa flotte d’avions de combat.

Les responsables militaires inquiets

Face à ces incessantes négociations, les responsables militaires se disent inquiets vu l’énorme écart qu’il accuse déjà avec ses voisins, la Chine et le Pakistan. C’est d’ailleurs pour cela que Narendra Modi a pris la décision de traiter directement avec Paris. Le seul problème c’est qu’il a confié les négociations à d’autres responsables dont le ministre indien de la Défense Manohar Parrikar qui avait déclaré le 16 mai dernier que le contrat serait bouclé en un ou deux mois. Un délai qu’il n’a pas pu respecter vu que la signature du contrat est encore loin de se faire.

Le critère prix pose problème

Si le contrat pour les 36 Rafale n’est pas encore signé c’est parce que l’Inde insiste lourdement sur un prix inférieur à savoir 180 millions d’euros pour l’unité. D’après les négociateurs Indiens, puisque cette commande ne prévoit pas de production en Inde et que le transfert de technologie n’est pas d’actualités, le prix discuté durant les négociations commerciales ne doit plus être le même. Manohar Parrikar a annoncé qu’un compromis est en cours, mais il n’a pas tenu à y apporter plus de détails. Quant à la Dassault Aviation et la Direction générale de l’armement, nul ne s’est prononcé jusqu’ici.

La politique d’offset : encore en cause

Deuxième point de divergence pour ce contrat réduit : les offsets. Il s’agit d’une politique qui consiste à investir en technologie sur place et embaucher sur place sans quoi le contrat ne peut être signé. C’est une tactique courante pour les pays émergents lorsqu’ils doivent négocier des contrats d’armement. Le fait est que dans ce cas-ci, cette politique risque de retarder encore plus la modernisation de l’Inde puisque même si la France se dit être prête à répondre aux conditions de l’offset, elle demande du temps pour la mise en place du réseau de distribution en Inde. Soulignons que pour ce contrat, l’Inde exige à ce que Dassault Aviation :

  • Investisse au moins 30 % de la valeur du contrat dans l’achat de composants pour sa production en France
  • Mette en place des usines en Inde
  • Forme les salariés Indiens en termes de technologie

De nouvelles modifications renforcent les divergences

Alors que ces deux points du contrat restent encore flous, l’IAF (armée de l’air indienne) insiste pour que des modifications techniques soient faites sur ces 36 Rafale. En d’autres termes, elle souhaite que les Rafale livrés soient équipés des armements les plus récents puisque ceux spécifiés durant l’appel d’offres du méga-contrat sont vieux d’une dizaine d’années. Il y a donc une divergence de priorités en Inde puisque l’IAF privilégie les armements tandis que le ministère de la défense insiste sur les offsets. Quoi qu’il en soit, l’armée de l’air laisse la décision finale au gouvernement.

Une modernisation de sa flotte s’impose

De nos jours, l’Inde accuse un retard de 19 ans sur ses deux voisins, la Chine et le Pakistan qui sont montés en puissance. Si le contrat de 36 Rafale tarde encore, l’écart se creusera encore plus. Même si l’Inde a précisé qu’il voulait ses Rafale le plus tôt possible, la Dassault Aviation a précisé que la certification du premier avion si le contrat se bouclait maintenant ne se ferait qu’en mars 2016. Il faudra donc que l’Inde ajoute une année d’écart en plus sur ses voisins. Il faut souligner que la flotte aérienne d’avions de combat de l’Inde a un réel besoin de modernisation puisque les modèles dont elle dispose ne sont plus de taille face aux dernières versions. D’ailleurs, sous huit ans, elle devra se séparer de ses 260 MiG 21 et MiG 27 qui datent de la Guerre froide.

Un rythme de production renforcé pour Dassault Aviation

Au mois de juillet, Dassault Aviation a déjà annoncé sa volonté d’accélérer son rythme de production d’ici en 2018 puisqu’outre cette commande encore incertaine de l’Inde, elle a déjà signé d’autres contrats avec l’Egypte et le Qatar qui lui ont commandé chacun 24 avions. Ainsi, si tout se déroule comme prévu, à compter de 2018, le constructeur pourra produire trois avions par mois.

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