Les raisons d'une bataille
Les américains ne sont
pas encore remis du coup de massue de Pearl-Harbor. Les japonais lancent
attaque sur attaque dans le pacifique, ses archipels, en direction
de la Malaisie, les Philippines, les Indes Néerlandaises… Le lendemain
même de l'agression, le 8 Décembre 1941, leurs forces aériennes bombardent
les trois petits îlots de Wake, et ça dure trois jours !
Pourquoi monter tant d'intérêt pour des terres désolées et sans eaux potables, perdues au milieu du Pacifique mais qui vont devenir rapidement célèbres ? |
Si l'on considère leur situation
géographique on commence à discerner les intentions japonaises. D'une
latitude de 19'' 18' Nord et d'une longitude de 166'' 37' Est, les
trois îlots (Wilkes, Peale et Wake) qui enserrent un grand lagon,
sont situés à quelques 3800 kilomètres à l'Ouest d'Honolulu et à un
millier de kilomètres au nord de l'atoll de Kwajalein (dans les Marshall),
qui accueille une base japonaise. Wake est occupée par les américains
depuis 1898 et abrite un terrain d'aviation construit en 1935. S'en
emparer, c'est acquérir un relais, un porte-avions indestructible
à l'extrême pointe de l'avancée nippone vers Midway, Hawaii et donc
vers les côtes américaines. La blitz-krieg ordonne de l'occuper au
plus vite pour continuer à bousculer sans répit le géant sonné. Pour
les américains, on peut dire que Wake serait un peu moins vitale s'il
ne fallait commencer à marquer des points et intimider l'adversaire.
Ils ont d'autres points d'appui et Midway est la véritable clef en
ce début de guerre du Pacifique. Et puis risquer les porte-avions
miraculeusement épargnés à Pearl-Harbor sur un théâtre d'opérations
où l'on a pas l'initiative refroidit singulièrement les initiatives
de l'état-major. Oui mais voilà, la position est tenue par les Marines
!
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les forces en présence
Côté américain :
un peu moins de 500 fantassins et leur chef, le Major Devereux. L'artillerie ? Des unités faites de bric et de broc mais qui en veulent et un matériel de récupération emprunté à la Marine. On a déjà vu mieux. Des ouvriers civils qui, on le comprend n'ont pas une grande envie de risquer leur peau. La force aérienne se monte en tout et pour tout à 4 avions. Ce sont les restes des Wildcats F4F3 Grumman appartenant au Squadron du Major Putnam, le VMF 211 (Marine Fighting Squadron). 7 appareils ont déjà été détruit par les bombardements. C'est déjà un miracle si l'on maintient en état les 4 derniers. Les pièces de rechanges, on les trouve où on peut, ou on les fabrique. Côté japonais : On ne dispose pas de porte-avions. La 6ème flottille de destroyers est commandée par le contre-amiral Sudamichi Kajioka. Elle emmène avec elle quelques transports de troupes. |
L'action.
Le 11 Décembre les japonais
se préparent au débarquement. Sûrs de la puissance destructrice des
bombardements, ils se présentent à l'approche des plages dans un ordre
de bataille impeccable. Devereux attend qu'ils ne soient plus qu'à
4500 Yards pour ouvrir le feu, tandis que les 4 wildcats rescapés
s'envolent vers leurs cibles navales.
Résultat ? Deux destroyers sont coulés. le Hayate s'est fait poivrer par l'artillerie et le Kisaragi a reçu une bombe lâchée par un wildcat, juste sur ses réserves de grenades sous-marines. Trois croiseurs légers sont gravement touchés, le Yubari, le Tenryu, le Tatsuta. Le contre-amiral japonais ravale sa honte et fait route vers Kwajalein sans demander son reste |
L'effet psychologique est
énorme. Aux U.S.A, la presse s'empare du nom de " Wake " qui sans
jeu de mot devient synonyme de réveil. L'espoir renaît chez les alliés.
Sans comparer les deux situations, on ne peut s'empêcher de penser
à l'espoir suscité par la résistance de Bir-Hakeim. dans les sables
d'Afrique quelques mois plus tard. Malheureusement, les frilosités
demeurent à l'état-major américains. Pearl-Harbor n'est pas encore
digéré. Militairement une contre-offensive est envisageable. L'amiral
Kimmel qui n'a pas encore été remplacé par Nimitz, tente d'obtenir
l'appui du Saratoga, du Lexington et de l'Enterprise. C'est la peur
de perdre ces trois unités essentielles qui pousse à l'abandon de
Wake au japonais. L'amiral Nagumo vient épauler Kajioka dans sa deuxième
tentative. Les porte-avions Soryu et Iryu (vainqueurs de Pearl Harbor)
prennent position. Un bombardement aérien terrible du 15 au 21 Décembre
et le manque de soutien finissent par avoir raison de la défense des
Marines qui se battent tout de même jusqu'au corps à corps.
Le 22 Décembre, 18 Bombardiers " Kates " et 18 Zéros attaquent Wake. Les chasseurs japs se montrent, comme à leur habitude, redoutablement efficaces. En rase-mottes, ils mitraillent les ouvrages terrestres et rendent impuissante l'artillerie américaine. Les Wildcats sont héroïques. L'un des deux derniers déboulant de l'abris des nuages, s'offre deux bombardiers en une seule passe. L'affaire est entendue le 23 Décembre, l'empire du soleil levant va pouvoir s'offrir ces terres désolées. Qu'en fera-t-il ? |
Toujours est-il que le "
squadron " Putnam aura coulé 1 navire, endommagé gravement trois croiseurs,
abattu 8 appareils. Privés d'avions, pilotes et mécanos du VMF 211
se seront transformés en fantassins pour continuer la lutte. Voici
quelques uns de ces héros :
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Lt Kinney
Cpt Freuler Lt Kliewer Tsgt Hamilton Lt Davidson Cpt Elrod Cpt Tharin |
Janvier 2001
Par Dominique
Magdeleine