Bataille de Midway suite

06h56: la TF16 se place face au vent.
07h02: Le "Big E" et le Hornet lâchent 120 appareils (une vingtaine de chasseurs, une trentaine de torpilleurs, et près de 70 Dauntless). Le Yorktown de Fletcher fait de même à 08h38 (6 chasseurs, 16 torpilleurs, 17 Dauntless).
Ils ont raison, car maintenant l'affrontement se résume à une course contre la montre.
Les hommes du Hornet n'ont pas encore l'expérience du combat "porte-avions contre porte-avions", même s'ils ont participé à l'élaboration du raid Doolittle contre Tokyo. Pour situer leur motivation, voici la phrase lancée à son chef par John Waldron le commandant des torpilleurs du Hornet "Je sais que mon escadrille est vouée à la destruction totale et que je n'ai aucune chance de revoir ce porte-avions, mais comptez sur moi Sir". Par radio juste après le décollage, voilà ce qu'il dit à ses hommes: "Même s'il ne reste qu'un seul avion pour porter le coup final, j'éspère qu'il y aura quelqu'un pour le faire".

TBD Devastator en pleine bataille de Miway

Les japonais ayant changé de route, on ne les trouve pas là où on croyait les surprendre. Le skipper des bombardiers du Hornet, Stanhope Ring prend la route du sud au lieu de remonter au nord. Voilà 35 Dauntless hors du coup, et puisqu'un malheur n'arrive jamais seul, ils sont suivis par 10 chasseurs qui auraient dû suivre les torpilleurs. Ils finiront dans l'eau. La légende prétend que le lieutenant Waldron avait un flair incroyable parce qu'il avait du sang amérindien dans les veines. Légende ou pas, Waldron file droit sur les japonais en suivant une route nord ouest. Les deux autres groupes de torpilleurs le suivent.
09h20: Et voilà l'Akagi et le Kaga qui apparaissent. Quelque soit le destin de ces escadrilles, elles ont fait l'essentiel: trouver le gibier. L'US.Navy ne le lâchera plus. Sans chasseurs d'escorte, Waldron fonce quand même en tête de l'escadrille n°8. C'est un massacre, les 50 Zéros de couverture, la défense anti-aérienne, les bâtiments d'escorte, tous s'en prennent aux torpilleurs américains. Un seul pilote aura la vie sauve. L'enseigne George Gay balance sa torpille sur un porte-avions, remonte et passe juste au-dessus du pont d'envol.

TBD à l'entraînement (octobre 41)

Dans ce secteur, ça cogne de tous les côtés. Quand les obus frappent son appareil, il entend son mitrailleur hurler dans la radio "Ils m'ont eu!" Il perd le contrôle et frappe la surface de l'eau. Il parvient à sortir de l'avion et se cache sous son canot pneumatique encore plié. Car au-dessus, c'est la sarabande des Zéros. Il a perdu tous ses amis. Il va rester dans l'eau 24 heures avant d'être sauvé par un PBY. Et ça continue avec l'escadrille du capitaine E. Lindsey. 12 torpilleurs de l'Enterprise sur 14 qui voulaient s'en prendre au Kaga sont éliminés.Encouragés par toutes ces victoires, les hommes d'équipage japonais se croient au spectacle. A chaque appareil ennemi abattu, on pousse des cris de joie, on applaudit, on se congratule. Les chefs aboient leurs ordres pour tenir les hommes concentrés.
Le commandant Fuchida a noté dans son journal comme dans un poème japonais "...Leurs ailes brillaient au soleil. Ici et là, des points dans le ciel éclataient en étincelles de feu et tombaient à la mer avec une longue traînée de fumée noire. Nos avions de chasse étaient à l'oeuvre."
Qui pourrait battre ces japonais? Ils sont invincibles. Depuis le matin, tous les appareils qui ont eu l'impudence de les approcher se sont fait tailler en pièces.

10h00: C'est autour du groupe du Yorktown avec le lieutenant commander Lance Massey, d'attaquer le Soryu. Résultat? Un seul torpilleur parvient à rentrer. 12 équipages vont reposer au fond de l'océanµ
10h20 les japonais triomphent. Pas une torpille ne les a atteint. Ils ont bombardé Midway en toute impunité. Le nombre de torpilleurs qui les a attaqué confirme la présence de plusieurs porte-avions dans les parages. Il suffit de suivre les rescapés pour les découvrir. Ils vont lancer tous les appareils de leur 4 porte-avions sur la flotte de combat américaine. Les premiers Zéros décollent déjà. Trop tard!
Les 35 Dauntless du lieutenant McClusky partis de l'Enterprise, (lui aussi a longuement cherché la flotte japonaise, puis il a suivi la route d'un destroyer japonais qui l'a ramené directement sur les porte-avions) déboulent soleil dans le dos, badins bloqués, avec un angle de 70°. La couverture aérienne n'y peut rien. Le pont de l'Akagi encaisse deux bombes. Le monte-charge est bloqué. les réserves de carburant s'enflamment, les stocks de munitions explosent. En quelques instants le porte-avions devient une fournaise.
A son tour, le Kaga reçoit quatre bombes. Malgré des dégâts épouvantables et de nombreuses pertes humaines, les unités anti-incendie contiennent le feu dans les hangars. Nagumo est abasourdi.
Les yorktownners du VB-3 ont décollé plus d'une heure après ceux de l'Enterprise, et pourtant ils sont déjà là. Son skipper, le capitaine Maxwell Leslie, a bien profité des informations de ses prédécesseurs. Comme le phare pour les navigateurs, les colonnes de fumées des incendies guident Leslie sur sa proie. Handicapé par des problèmes de commandes électriques d'armement défectueuses, il plonge quand même sur le Soryu. Le scénario se répète et les Dauntless montrent une efficacité redoutable. C'est quatre bombes là aussi qui frappent le japonais.
Renversement extraordinaire grâce aux Dauntless. Les américains dans les attaques vaines de leurs torpilleurs ont perdu 41 appareils. Le groupe du Capitaine Leslie n'aura aucune perte. Tout de même, les Zéros s'acharnent sur le groupe "McClusky" qui cherche à s'enfuir au raz des flots. 16 appareils tombent à la mer sur 32.

Dauntless du VB-6 Enterprise posé sur le Yorktown après l'attaque sur le Kaga.

Les deux bandes blanches en diagonale sur la queue de l'appareil, sont des repères visuels pour le LSO (officier-guide d'appontage)
L'état de l'empenage indique la violence des combats.
Les japonais se voyaient vainqueurs, six minutes ont suffit pour qu'il soient en état d'infériorité. Le feu ravage les structures du Soryu. 20 minutes après l'impact de la première bombe, les hommes encore valides abandonnent le bâtiment. Il faudra encore deux torpilles du sous-marin américain "Nautilus" pour l'envoyer par le fond en début d'aprés-midi.
En fin d'après-midi à 17h00, le Kaga est évacué. 19h00, il s'enfonce dans les flots. Les hommes des machines n'ont pu être évacués. En tout, 800 marins périssent.
10h47: Nagumo abandonne son navire amiral l'Akagi. A quatre heures le lendemain à l'aube, les japonais finissent l'Akagi à la torpille. Il reste donc l'Hiryu pour renverser la situation. Nagumo donne l'ordre à l'amiral Tamon Yamaguchi d'attaquer les porte-avions ennemis. Six chasseurs d'escorte et dix-huit Aichi D3A -Val- s'envolent vers l'est. Ils sont à quatre-vingt kilomètres du Yorktown quand le radar les accroche. L'alerte est donnée un peu avant midi et douze Wilcats sont envoyés à leur rencontre. A bord, on pousse l'allure à 30 noeuds. Six vals et trois Zéros sont envoyés au tapis avant qu'ils n'aient pu attaquer. La DCA abat encore deux Vals.

Les batteries anti-aérienne du Yorktown en action, le bâtiment vient d'être touché par une bombe japonaise

Mais rien à faire pour empêcher ceux qui restent de piquer sur le bâtiment américain. Trois bombes lui infligent des dommages considérables. La piste d'envol a été perforée, des incendies se déclenchent dans les ponts inférieurs, le radar est HS, un coup sur la cheminée a provoqué un ralentissement des machines.

Après La Mer de Corail Le Yorktown est à nouveau sévèrement touché.

Avec des planches prévues à cet effet, on répare la piste. Le feu est contenu, on fait repartir les machines.

Réagréage du pont d'envol

13h30: Yamaguchi envoit une deuxième vague d'attaque composée de 10 torpilleurs Nakajima B5N-kate et de chasseurs.

Deux torpilleurs japonais attaquent crânement le Yorktown.

14h30: Le radar d'un croiseur d'escorte les repère. Douze Wilcats partent au combat immédiatement. Ils ne parviennent pas à détourner l'attaque. L'audace japonaise est payante: deux torpilles éventrent le mastondonte. (Il flotterra encore jusqu'au 6 juin. Plusieurs destroyers essayeront de le sauver en le remorquant. Le sous-marin japonais I-168 envoit ses torpilles sur le destroyer Hammann et le Yorktown. cette fois c'est bien la fin.)

15h00: On évacue le Yorktown et au même moment dix Dauntless du VB-5 Yorktown avec les lieutenants Wallace Short et Samuel Adams, débusquent l'Hiryu à 170 km au nord ouest. L'alerte est transmise à l'Enterprise. A son bord on a regroupé Le VB-6, le VS-6 et le VB-3 du Yorktown, pour former un nouveau groupe d'attaque.
15h30: L'Enterprise lance 24 Dauntless commandés par le lieutenant Earl Gallagher.
17h00: Yamaguchi se croyant à l'abri, envisage une attaque nocturne sur la TF 16. Avant cela, il faut reéquiper les avions et nourrir les hommes. On distribue riz et poisson quand résonnent à travers les structures de l'Hiryu, les déflagrations d'une attaque aérienne. Il n'y a pas eu d'alerte, la surprise est totale.
17h03: En quelques minutes, les hommes de Gallagher ont mis quatre coups au but. Le pont d'envol largement déchiré est définitivement inutilisable. L'ascenseur n'existe plus, mais à quoi pourrait-il servir maintenant? Le feu ravage les magasins inférieurs. les hommes des machines se sacrifient pour garder une bonne vitesse au vaisseau. Ils vont tous mourir. A l'état-major on ne se fait plus d'illusions, il va falloir évacuer.

Hiryu en feu le 5 juin

5 juin 02h30: Tous les survivants sont rassemblés sur le pont d'envol, pour écouter une dernière fois leur chef. Les lueurs de l'incendie et la lune éclairent cette masse d'hommes immobiles, au "garde à vous". L'amiral s'est emparé d'un porte-voix: "...J'assume pleinement la responsabilité pour la perte de l'Hiryu et du Soryu. Je resterai à bord. Je vous ordonne d'abandonner le navire et de continuer à servir loyalement Sa Majesté l'Empereur." Yamaguchi a fait préparer les armes blanches nécessaires à la bonne exécution du Seppuku rituel. Il se retire dans ses quartiers et se donne la mort. La marine japonaise achevera l'Hiryu à midi.

Le Hiryu avant d'être torpillé

C'est le quatrième porte-avions qu'elle perd. Bien sûr, ses forces sont encore conséquentes, mais face à la puissance industrielle américaine, elle ne s'en remettra jamais. Yamamoto ordonne pourtant d'attaquer la flotte américaine et d'envahir Midway. Deux porte-avions descendent à toute vitesse du nord. En rassemblant tous ses croiseurs et cuirassés, il imagine anéantir les américains dans une bataille nocturne au nord de Midway.
Prudemment, la TF16 fait route à l'est. Elle échappe ainsi aux cuirassés japonais. En effet, de nuit les porte-avions ne sont plus aussi opérationnels que des cuirassés (en tout cas en cette année42. Il en va autrement aujourd'hui). Au lever du jour la donne s'inverse. C'est pourquoi à minuit Spruance donne l'ordre de virer à l'ouest avec l'espoir de rattraper la force navale japonaise grâce à ses avions. A la même heure, l'état-major de Yamamoto se rend à l'évidence. On n'a pas pu entrer en contact avec l'ennemi. Si on ne change pas de route, on risque de se faire matraquer par l'aviation américaine dans une poignée d'heures. L'ordre "OPERATION MIDWAY ANNULEE" est lancé du vaisseau amiral de la flotte combinée.
Dans la nuit du 4 au 5 juin, le sous-marin américain USS Tambor découvre deux croiseurs lourds qui s'échappent vers l'ouest. L'un a la proue en feu. C'est le Mogami. Il est entré en collision avec le Mikuma. L'information est transmise à Spruance et au matin, un groupe de Dauntless part à la recherche des deux croiseurs. Le Mikuma est coulé, le Mogami endommagé parvient à s'enfuir.
Cette bataille s'achève sur un nouveau triomphe du Dauntless.

Dauntless du Hornet au-dessus du Mikuma le 6 juin.